Arrivée à 11h30, aujourd'hui pas question de louper le Killer organisé par la Ludothèque de Boulogne-Billancourt. Juste après avoir confirmé mon inscription, je repère une table libre : l'occasion de tester le fameux Mykerinos, le troisième jeu de chez Ystari Games, le petit éditeur français qui a fait beaucoup parler de lui ces deux dernières années avec Ys et Caylus. Je n'ai jamais testé Ys (mais il a rejoint ma ludothèque récemment, et il me tarde de l'essayer), j'ai trouvé Caylus plutôt lent et lourdingue. Grosse curiosité donc sur ce nouveau "petit" jeu (la boite et le "plateau" sont beaucoup plus petits que les précédents opus). Les règles sont efficacement expliquées par un joyeux boulonnois, et c'est parti pour une partie de découverte à trois. On a ici affaire à un jeu de majorité/blocage d'un classicisme extrême, jusqu'au thème et aux illustrations, et qui fleure bon le jeu à l'allemande typique (limite caricatural, même). Tout ça n'est pas sans rappeler un certain Louis XIV (jusqu'à la partie de plateau constituée d'un assemblage de tuiles), aquel je n'avais pas particulièrement accroché...

On joue sur deux tableaux : placement au musée, qui va générer un multiplicateur de points sur les tuiles représentant des personnages "influents", que l'on va ramasser (séduire ?) en réalisant des fouilles en Egypte. Placement/blocage pur au musée, placement/blocage/majorité sur les fouilles. Le matériel est très bien pensé mais les illustrations plutôt ternes (ce sont manifestement les marques de fabrique de l'éditeur). Le jeu est aussi très "cérébral", on joue sur plusieurs tableaux en même temps, et chacun a son importance. Tout l'art consiste à être deuxième partout plutôt que premier à une seule place... L'interaction est aussi très forte, les blocages-pourissage étant légion. Le tout reste quand même très cérébral, mais je suis sûr que le jeu est suffisemment intéractif pour générer de fortes négociations avec le public adéquat.

Le jeu est donc finalement plutôt réussi, mais il faut vraiment s'accrocher un peu au début... Sinon, j'ai gagné la partie :p


Fabrice joue à Mykerinos !

Deuxième jeu du jour : Symbioz ! La partie de ce jeu méconnu du début des années 90 est organisée par le Collectif des Jeux en Essonne, avec préinscriptions. Fait exceptionnel manifestement : les quatre joueurs sont présents et à l'heure. Un seul joueur (au fort accent belge :)) semble bien connaître le jeu. C'est parti pour deux heures au pays des Zerbs, Krapitts et Kroguls... J'invite ceux de mes aimables lecteurs n'ayant jamais entendu parler du jeu à aller jeter un oeil sur la fiche TricTrac qui va bien. Le jeu et son thème sont extrêmement originaux et bien liés entre eux, mais le jeu n'est pas exempt de défauts.

Le premier, c'est que la première partie est vraiment rude : la chance est pratiquement absente, et réussir une Symbiose nécessite de planifier ses coups et au moins trois tours à l'avance (et un tour, c'est long) ; l'ordre du tour est absolument crucial, être premier au bon moment, jouer deux fois avant son adversaire de droite ou de gauche sont d'importants paramètres à prendre en compte. D'autre part, l'interaction est relativement limitée : on peut agir sur ses deux voisins mais agir sur le jeu de l'adversaire de face relève de la gageure. Se débarrasser des Zerbs adverses implantées est également difficile. Non seulement il faut encore bien prévoir ses coups à l'avance, mais en plus un joueur qui se sera fait moins "pourrir" que les autres a la victoire pratiquement assurée.

Les actions étant assez limitées et une partie d'entre elles plus ou moins "automatiques", le temps commence à devenir long arrivé à la moitié du jeu (6e tour sur 12), surtout si comme moi, après avoir fait un médiocre début de partie (je suis parti un peu dans tous les sens et tombé gravement à court de pions sans pouvoir vraiment réaliser une Symbiose qui me libérerait une douzaine de précieuses Zerbs), m'être fait pourrir par le joueur le plus expérimenté de la table qui savait bien ce qui se faisait, je ne peux que voir la partie se jouer sur une zone du plateau qui m'est inaccessible.

La partie se termine finalement au 10e tour sur les 12 : ma voisine de gauche préférée parvient à réaliser une quatrième Symbiose (condition de victoire alternative) que j'aurais pu empêcher mais que je n'ai pas remarquée assez tôt (j'aurais du agir au 8e tour pour empêcher la Symbiose au 10e).

Un jeu à tester pour sa grande originalité, l'humour du thème, et les possibilités d'"aggression" plutôt rares dans un jeu de placement de ce genre. Le jeu est probablement introuvable, mais il devrait être "bricolable" avec un bon stock de pions de trois tailles (plein de cubes pour les Zerbs, une vingtaine de pions moyens pour les Krappits et six gros pions pour les Kroguls), le tout dans quatre couleurs, plus une bonne imprimante pour le plateau (plutôt moche même dans la version originale d'ailleurs :p)


Ça fume...


Fin de partie


Et un brillant perdant !

La partie, qui a bien duré deux heures, s'achève pile poil pour le début du Killer. La sandwicherie est encore en rupture : il faudra donc se massacrer joyeusement, mais le ventre vide. Peu habitué à tout ce qui ressemble de près ou de loin à un jeu de rôle ou d'un jeu d'ambiance, ce Killer, incroyablement bien organisé, est une vraie touche de fraicheur dans cette GenCon (au sens propre comme au figuré, mon pistolet à eau ayant fui dans la poche de mon jean). C'est parti pour la traque. Une traque bien stressante d'ailleurs, on passe plus de temps à surveiller derrière son épaule à l'affut du prédateur qu'à chercher sa proie...

Ma copine et moi échangeons quelques informations, elle croise par hasard deux cibles coup sur coup, alors que la mienne semble avoir disparu. Quand je finis par la repérer, je croise mon "tueur", qui ne me loupe pas avec son cotillon. Bilan : pas le moindre mort ! Belle ironie : mon tueur était le suivant sur la liste de mon accompagnatrice, qui remplit là son troisième (et dernier) contrat. Celle ci reste déçue, si je m'étais caché cinq minutes de plus, elle aurait eu le privilège de m'éliminer à grands coups de bombe à serpentin...

Une vraie réussite que ce Killer : je regrette de ne plus être étudiant, ça aurait fait fureur en semaine d'intégration de mon école d'ingénieurs... On garde cependant l'idée dans un coin de notre tête pour l'animation d'une future colonie de vacances...

La sandwicheries s'est restockée, j'ai enfin le privilège de goûter les sandwichs GenConiens. Un petit point noir de l'organisation ici, préparé et servi par une jeune fille manifestement excédée, celui ci se révèle plutôt maigre et assez coriace, pour un prix pas vraiment exceptionnel. Mais bon, c'était quand même un vrai sandwich composé, pas un simple bout de baguette avec une tranche de jambon à l'eau dedans...

Pour digérer et faire retomber la pression du Killer, je rejoins le stand des Jeux en Essonne pour tester Tamsk. Du projet Gipf, je n'avais jusqu'ici testé que l'excellent Dvonn et le décevant Pünct. Tamsk semble être le plus décrié de la série, sans doute pour sa richesse moindre par rapport aux autres. Reste que l'idée des sabliers est incroyablement originale, c'est le premier jeu que j'essaie où l'on joue vraiment avec le temps. Le matériel n'est pas particulièrement pratique (les sabliers se "bloquent" parfois, et il est difficile de visualiser les cases inaccessibles), mais l'expérience de jeu unique.

Alors que nous finissons notre partie de Tamsk, une partie de St Petersburg se profile à l'autre bout de notre table. On reste sur nos chaises, et c'est parti pour le seul jeu de la journée que j'ai déjà eu l'occasion de pratiquer auparavant : je suis même bombardé Maître des Règles. Nos deux adversaires semblent totalement épuisés de leur GenCon, et la partie se déroule plutôt tranquillement. Je pars sur ma stratégie habituelle nobles + artisans + bâtiments d'échange, qui échoue à deux points près face à un joueur débutant qui n'a à vrai dire pas fait grand chose pour gagner, ayant fait la majorité de ses coups un peu au hasard. Pour ma défense, je dirais que je n'ai pas réellement l'habitude du jeu à quatre joueurs, où les bâtiments semblent plus importants qu'à deux joueurs.

Le week-end se termine à l'autre bout du salon, un peu plus au frais (mes adversaire de St Petersburg semblaient fondre sur leurs chaises...), l'occasion de croiser et saluer les webmasters ludiques ReiXou et Gorthyn et quelques autres TricTraquiens (je me suis il est vrai rendu reconnaissable grâce à un badge maison un peu surdimensionné - l'illustration devait servir à un transfert T-Shirt à l'origine, qui n'a pas vraiment tenu le coup).

Sur le stand de la ludo de Boulogne, je teste Verflixxt! puis Roma, deux jeux très aléatoires, où le dé à 6 faces fait rage. Autant sur le premier jeu, on sent bien que c'est le concept, qu'on a affaire à des petits chevaux en plus court et un peu plus tactique, accessible à la même tranche d'âge, autant pour le deuxième, ça se révèle décevant vu le temps passé à expliquer les règles et détailler chaque carte. Mon adversaire joue pratiquement au hasard sans avoir bien intégré les règles, et gagne à deux reprises. Les symboles qui remplacent le texte pour une internationalisation plus facile ne brillent pas non plus par leur clarté... Le jeu ressemble pas mal au Scarab Lords testé vendredi, et je pense préférer ce dernier.

Un petit tour chez Asmodée pour tester les Cabanes de M. Robinson, qui se révèle être un énième jeu de dominos à la Carcassonne ou Guerre des Moutons, sans apporter grand chose au genre.

La journée ce termine avec Mauer Bauer, expliqué par le sympathique et incroyablement serviable Target (d'une patience incroyable après trois jours de GenCon, surtout que les Cabanes nous avaient été expliquées par dessus la jambe et omettant les trois quarts des règles, que j'ai du relire par moi même tout de suite après).

Que dire de Mauer Bauer ? Les choix sont de placement sont volontairement très limités (imposés en partie par des dés, un peu comme à Carolus Magnus du même auteur), ce qui rend le jeu plutôt léger malgré les apparentes grandes possibilités tactiques. Cependant, les moyens de gagner des points sont dictés par des cartes piochées tout au long du jeu et se révèlent assez imprévisibles... Voilà un mot qui résume bien le jeu : imprévisible. Du coup, au bout d'une heure de jeu, on se demande si le gagnant y était vraiment pour grand chose. Bref, c'est pas mal, mais bon... Par curiosité mais aussi par égard pour les efforts fournis par les bénévoles de la Ludo de Boulogne, je repars avec le catalogue de l'exposition sur le XXe siècle autour d'un plateau de jeu à 10€, bien mérités.

Bilan de la journée :

  • Mykerinos (4/5, première impression)
  • Symbioz (3/5, première impression)
  • Killer (pas notable :p)
  • Tamsk (4/5, première impression)
  • St Petersburg (5/5, mais un peu décevant à 4 joueurs)
  • Verflixxt! (3/5, première impression)
  • Roma (2/5, première impression)
  • Mauer Bauer (3/5, première impression)
  • Les Cabanes de M. Robinson (2/5, première impression)

Snif, c'est fini... Vivement l'an prochain, et merchi bien M. Asmodée...